La protection des sources d’un journaliste

Mardi 18 février, l’agent immobilier le plus connu de France Stéphane Plaza a été reconnu coupable de violences conjugales et a été condamné à 12 mois de prison avec sursis. Malheureusement, les agences franchisées portant son nom subissent les conséquences de cette décision judiciaire.

Récemment, j’ai été confronté à un dilemme qui est l’un des piliers du métier de journaliste : la protection des sources. J’ai recueilli le témoignage anonyme d’une personne travaillant pour le compte d’une agence immobilière Stéphane Plaza, qui souhaitait partager des informations sensibles tout en restant anonyme.

Mon mode opératoire

Dès nos premiers échanges, la question de sa sécurité s’est imposée.

Nous avons communiqué via Telegram (n_salin), une messagerie sécurisée avant de convenir d’un rendez-vous dans un lieu en centre-ville. Cette personne craignait des répercussions professionnelles si elle venait à être identifiée. Pour elle, être anonymisée était impératif, une condition sine qua non pour qu’elle puisse s’exprimer librement.

Sans la garantie de l’anonymat, elle n’aurait jamais accepté de me parler. J’ai donc pris toutes les précautions nécessaires, mais cette expérience m’a rappelé à quel point ce principe fondamental du journalisme peut être mis à l’épreuve.

Pourtant, depuis la parution de l’article, je ressens une inquiétude permanente : la peur que cette personne me contacte pour me dire qu’elle a été identifiée. Et le doute en arrière-plan : ai-je bien fait mon travail ? Ai-je pris toutes les précautions possibles ? À priori… oui.

Protection des sources : le dilemme permanent d'un journaliste

Comment garantir l’anonymat des sources ?

En France, la protection des sources est un droit. L’article 2 de la loi du 29 juillet 1881 garantit aux journalistes la possibilité de ne pas divulguer l’identité de leurs informateurs. La Cour européenne des droits de l’homme a également rappelé à plusieurs reprises que ce secret est une condition essentielle à la liberté de la presse.

Pourtant, ce droit est parfois menacé lorsque des pressions judiciaires ou politiques cherchent à forcer les journalistes à révéler leurs sources.

Cette affaire n’est pas un scandale d’ampleur internationale, il s’agit tout de même d’un scandale qui touche bon nombre de professionnels, dans un secteur d’activité particulier, en raison de la notoriété de Stéphane Plaza.

Cependant, cette affaire m’a ouvert les yeux sur un principe fondamental : sans cette protection, certaines voix ne se feraient jamais entendre.

Quelque part, à ma modeste mesure, je dois m’assurer que ceux qui prennent le risque de me parler puissent être entendus sans crainte. Chaque fois qu’un informateur me confie un témoignage, en m’accordant sa confiance, je ressens une grande responsabilité