Mon premier bobinage de pellicules avec un film couleurs qui a expiré en 1993 : entre surprises et authenticité.
Il y a quelque chose de presque magique dans la photographie argentique : on ne sait jamais vraiment ce que l’on obtiendra avant le développement. Cette série, je l’ai réalisée dans les rues de Dijon avec une pellicule un peu particulière : un film acheté en bobine de 30 mètres, mais dont la date de péremption remontait à… 1993. Resté scellé dans sa boîte métallique, il n’avait jamais vu la lumière du jour. C’est en pleine nuit, dans le noir complet, que je me suis lancé pour la première fois dans l’exercice délicat du bobinage maison. Stressant, excitant, et formateur à la fois.
Le résultat ? Des surprises à chaque cliché. La première pellicule, mal enroulée, a laissé des rayures visibles sur les négatifs, et donc sur les images. Mais ces défauts racontent aussi l’histoire de l’expérience. La deuxième pellicule, mieux faite, a révélé des couleurs étonnamment nettes et douces pour un film de plus de 30 ans.
Sur les images, on retrouve l’animation familière du centre-ville de Dijon un samedi matin : la rue des Forges et ses enseignes emblématiques, les façades blondes et les toits de la vieille ville, la place Notre-Dame animée, la tour Philippe le Bon qui émerge au-dessus des arbres ou encore les terrasses et les vélos… Ces photos sont imparfaites, parfois abîmées, mais elles dégagent une authenticité qu’aucun fichier numérique ne pourra reproduire.
C’est ça, l’argentique : un mélange de hasard, de patience et d’émotion. On accepte les ratés, on apprend… et on savoure d’autant plus les réussites.